64 pages — 18 x 27 cm
impression quadri
couverture cartonné
ISBN 9782390220213
Gars et Gus, personnages de BD
Ils s’appellent Gars et Gus.
Ils pourraient s’appeler Coco et Loulou. Bidule et Machin. Truc et Muche ou Pierre et Paul. Il y a un petit gros et un grand maigre.
Qu’ils se prennent avec candeur au piège du plus éculé des gags (la bonne vieille peau de banane), qu’ils se fassent du thé ou une omelette, ils semblent n’avoir qu’un but : visiter, revisiter avec humour et élégance les coins, recoins, plis, replis de la bande dessinée.
Et c’est tout à fait normal. IIs SONT personnages de bande dessinée.
"Qui sont ces personnages, quelle est leur personnalité? C'est un peu ce que j'essaye de découvrir dans chaque bande, et ils me le disent, plus ou moins. Parfois j'essaye de leur faire faire des choses, mais ils n'en ont pas envie, alors ils ne le font pas!."
D’abord enquêteurs muets dans CHRZ, Gars et Gus sont deux personnages qui ont survécu à leur œuvre. Leurs placides visages, leur dissemblance familière et leurs expressions corporelles keatoniennes ont intrigué Stefan Van Dinther, qui a décidé d’en faire l’objet de ses recherches. Voilà Gars et Gus plongés dans une euphorie de la page blanche mêlant poésie visuelle et expérimentations humoristiques.
Bien qu’un lièvre autoritaire les rappelle à leurs responsabilités de personnages de bande dessinée, Gars et Gus semblent dotés d’une âme des plus espiègles. Le fil aventureux de leurs pantalonnades les conduit à improviser, à passer outre canons et standards pour créer une vie nouvelle, comme quand avion miniature et armoire en kit deviennent armoire miniature et avion en kit, par un courant d’air qui intervertit les notices. Prélude aux essais qui vont suivre, cette feuille volante les emmène de décors pointillistes en aventures elles aussi miniatures. Posée sur une nouvelle page, la notice perdue devient une porte qui ouvre sur le cœur, bien réglé, de la bande dessinée où ils se trouvent et de leur héritage, la mission de faire rire.
Le trait de Van Dinther joue de la géométrie de corps minimalistes, du sens et du non-sens que prennent formes et contextes devant ces personnages silencieux. Un décor bien connu – ligne claire et phylactères - offre par sa simplicité beaucoup de possibilités narratives et comiques, mais rien ne fonctionne comme prévu, de nouvelles issues humoristiques et poétiques sont trouvées par l’enchantement d’une bévue. Gars et Gus prennent tout au pied de la lettre, rejouent des scènes de films, des peintures, trébuchent sur leurs traits de mouvement et sur tout le reste, mais ne savent que faire d’une tarte à la crème.
Les lectures passées et astuces formelles de Stefan Van Dinther apparaissent sous les traits simples, l’arrière plan et le premier plan laissent deviner un travail de découpage, remontage, adjonctions au crayon et interventions numériques dans cette comédie en deux dimensions. Une fonte familière empruntée à Hergé devient une attraction touristique sous laquelle posent les bonshommes impassibles. Du volume surgit des points, le moindre trait peut être le départ d’un glissement de sens graphique, d’un détournement de ce que l’œil attend ou interprète d’une forme géométrique.
Les références immortelles au burlesque et à la bande dessinée franco-belge ou italienne arrivent comme par hasard dans les histoires de Gars & Gus, qui amènent en gaffant l’humour à un degré savant. Ils explorent les possibilités drôlatiques d’une contrainte formelle – deux images par pages, ou le gag en quatre cases - cherchent les moyens d’être poétiquement à côté de la plaque, de créer le non-sens le plus pertinent. Leur créateur en modifie les paramètres et observe ce qu’il advient, provoque surprise et hilarité en usant du moins de signes possibles. Il examine grâce à ses deux cobayes les mythes fondateurs de l’humour en bande dessinée, en cherche le geste originel, dans le langage du corps et l’efficacité du trait.
Entretien
Sur Gars et Gus