Le Studio Baraka est monté en 2020 par quatre artistes émergents et quatre artistes demandeurs d’asile engagés dans la Voix des Sans-Papiers, collectif militant bruxellois qui lutte pour l'accès aux droits des personnes sans-papiers, d'occupation en occupation. Au cours de leurs ateliers s’échangent des images, des rires, des colères, de la tristesse. Leurs récits écrits dans une circulation constante entre témoignage, détours poétiques, fragments documentaires et expérimentations graphiques, donnent lieu à un fanzine, un journal, des résidences et expositions...

Ensemble, ils élaborent un langage graphique commun aux formes hybrides - carnet de bord, récit choral, collage de paroles et d’images – qui accueille la pluralité des expériences sans aplanir les différences, traversant l’intimité, la politique et la révolte.

On raconte trop souvent sur au lieu de faire avec, simplifiant l’exil en une seule ligne narrative ou un seul visage emblématique, avec un regard extérieur compassionnel et réducteur. ID. Noires préfère l’honnêteté de ne pas tout savoir mais de faire ensemble. Le dessin déplace le regard, montre ce que les formulaires et les mots administratifs écrasent : l’attente, les allers sans retour, les batailles incessantes contre une bureaucratie dissuasive.

ID. Noires est une promesse tenue, une bande dessinée comme un droit à raconter sa propre histoire sans se la voir confisquer. Ce livrer s’inscrit dans une tradition de la bande dessinée qui ne sépare pas la poésie de la politique ni l’expérimentation graphique de l’expérience vécue. Elle  témoigne que la beauté peut naître de la colère, et que dessiner ensemble est un acte de résistance.

Le Studio Baraka Grafika a notamment travaillé en résidence et été exposé par le Centre Belge de la Bande dessinée en 2024. En 2024, La Sofia lui décernait dans le cadre de Lyon BD le prix Hors case, qui récompense une œuvre participant au décloisonnement de la bande dessinée. Studio Baraka est étroitement lié au groupe de réflexion pluridisciplinaire « Exil.s et création.s », qui creuse les enjeux éthiques des projets culturels impliquant des personnes sans papiers.