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Le Chat n’a pas de bouche vous aime beaucoup

DoubleBob

40 pages — 13,5 × 20,5 cm
quadrichromie —dos carré brut, cousu avec jaquette

collection Flore /

ExpérienceAlice

 

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ISBN 9782390220206
10 €

DoubleBob, sur Le Chat n'a pas de bouche vous aime beaucoup

Votre livre est le premier à avoir été créé pour s'inscrire dans l'ExpérienceAlice. Comment avez-vous accueilli la proposition des éditions FRMK ? 

Très bien ! Le frémok est une maison d'édition que j'apprécie beaucoup, tant au niveau du choix des auteurs qu'ils éditent que pour le soin qu'ils prennent à ce que leurs livres soient toujours de beaux objets. Quand ils m'ont demandé de travailler avec eux pour l'ExpérienceAlice, j'étais surpris et heureux.

Je suis reparti en me disant que j'étais le type le plus chanceux, je suis arrivé à ma voiture, les phares étaient allumés, plus de batterie, il s'est mis à pleuvoir et la nuit est tombée, j'était bloqué sur un parking à Angoulême. Tout est rapidement redevenu normal.

Comment envisagez-vous le lien entre le dessin et la narration ? 

Je suis plus habitué à travailler des dessins isolés, un dessin en entraîne un autre, des variations obsessionnelles sur des thèmes apparaissent. C'est l'aspect récurrent de certains détails, les concordances d'idées et d'éléments qui créent une narration, rarement une réelle relation temporelle, spatiale, de causalité...

Pour la narration du Chat n'a pas de bouche vous aime beaucoup, ces relations apparaissent, mais c'est quelque chose de flou, dans lequel on nage paisiblement. On regarde par la fenêtre d'un train, dans le silence de la cabine, les élements se croisent, les plans se superposent et créent un paysage, certains restent plus longtemps, d'autres disparaissent immédiatemment. C'est une liberté qui permet au lecteur de s'impliquer dans la narration pour rétablir les connexions, créer l'équilibre et la continuité. Avec les ombres, il y a des reflets de l'intérieur qui apparaissent.

Comment avez-vous construit votre livre ?

Avec des ciseaux et de la colle. J'ai relu Alice, fait des recherches de documents, des piles de brouillons écrits et dessinés en pattes de mouche, une vague idée et des détails précis, cut up général, mélanges, collages, textes et images, des photos trouvées, des arrière-plans, du vécu aussi.

J'enterre tout ça dans la forêt, puis vient le grand cérémonial où l'on danse en hurlant.

Au bout d'un moment tout ça forme un humus, une trame qui s'éclaircit mais jusqu'au bout je ne sais pas vraiment où elle va me mener.

C'est aussi de cette façon que je fais les dessins, ce qui m'a obligé à reprendre plusieurs fois certaines pages qui une fois terminées s'étaient égarées et ne pouvaient plus s'intégrer au fil de la narration.

Le papier carbone implique un dessin aveugle en relation avec le criterium.

Avez-vous lu les livres de Lewis Carroll ?

Oui, c'est un univers qui m'a marqué. J'étais vraiment heureux de le prendre pour base de ce projet.

Il y a mille idées, de la poésie, de l'absurde, et beaucoup de remise en question du fonctionnement de notre société, le language, les bases établies, la question de la folie....

"Mais alors, dit Alice, si le monde n’a absolument aucun sens, qui nous empêche d’en inventer un ?"

Quelles sont les influences ou les artistes qui ont nourri votre travail ?

Des bribes et des détails pêchés un peu partout, des auteurs de bd, Dan Clowes, Tayou Matsumoto, Anke Feuchtenberger, Alex Barbier, beaucoup d'autres, Haruki Murakami, beaucoup de rock n' roll, la Compagnie Créole, des extraits de textes et des photos floues de gens qui optent pour la rupture avec la réalité imposée, Henry David Thoreau, les auteurs de la beat generation et la réalité aussi avec les gens sans âmes dans la rue, leur mort, la perte de l'identité, le travail, les habitudes, les machines, et puis il y a les yeux, la déambulation, danser, hurler, le rêve, la folie, les ombres et les poissons... le lait de hibou aussi !

Le chat n'a pas de bouche vous aime beaucoup est votre premier livre. Que représente pour vous la bande dessinée et comment voyez-vous votre travail dans ce cadre ?

La bd, c'est d'abord des heures de lecture depuis tout gamin.

Le fait qu'elle puisse permettre de communiquer à peu près n'importe quelles idées, émotions, informations tout en restant compréhensible par à peu près n'importe qui me fascine.

Aujourd'hui, la bd est évidemment récupérée et étouffée par la grande distribution qui fait fabriquer à ses ouvriers de la bd toujours plus d'exemplaires des mêmes histoires sans identité, mais à coté de ça heureusement il y a tout ces gens qui font de la bd parce qu'ils aiment ça, parce qu'ils ont quelque chose à dire, à dessiner. Il y a ceux qui la photocopient dans leur garage et la distribuent, ceux qui éditent ce qui ne serait jamais édité ailleurs. C'est plutôt là que je me situe.

En faisant ce livre, j'ai pu exprimer et partager certaines choses que je n'avais pas su faire passer autrement. Ça m'a donné envie de continuer...

Quels sont vos projets actuels ?

Beaucoup trop de projets !

Je viens de terminer un petit livre en autoédition «Déambulations», un autre est en préparation.

Je passe beaucoup de temps sous les toits dans notre atelier de sérigraphie Le temps qui sèche, qui nous permet d'imprimer des affiches, textiles et depuis peu des petits livres.