Une oreille posée au sol, une petite voiture dans son emballage, un oeil dans une assiette de potage... Eric Lambé nous laisse errer dans son musée mental, dans ses collections privées... Muséum est un espace fantasmé, beau et déroutant, où les images s'enchaînent avec une fluidité virtuose.

Lambé est le premier visiteur et le gardien de son musée, lui seul sait ce qui se cache derrière chaque référence ou anecdote, derrière un titre ironiquement pompeux... et quelle importance il faut ou pas leur accorder. Fragments d'histoires, réminiscences et pièces imaginaires réunis en toute subjectivité forment une collection personnelle labyrinthique, tour à tour abstraite, fantaisiste et mélancolique, conçue pour perturber notre regard.

Comme dans Paysage après la bataille, l'introspection commence par un trouble artistique, qui ouvre à un rapport serein au monde extérieur. Mais ici ce qui nous émeut surgit de la salle qu'on n'avait pas prévu de visiter. Notre esprit est appelé par le bruit de la rue, ou par un vieux souvenir... La beauté plastique d'un vieux jouet ; un premier émoi artistique, enfant, dans un autre musée ; l'homme allongé devant le musée... Les objets qu'on met d'habitude sur un piédestal sont presque totalement mis hors champ, Lambé leur préfère finalement le plaisir d'une promenade en vélo.

Dans son récit le plus intime, Lambé évoque en fil rouge le sentiment d'être irréductiblement étranger au monde, lorsque le tumulte de celui-ci dérègle notre intériorité. Lieu idéal d'introspection où l'on régénère son rapport au monde, le musée devient un refuge qui nous protège du réel. Ici, on se sentira tout aussi minuscule et impuissant à comprendre ce qui nous entoure que dehors, mais on aura le temps de savourer l'expérience.

Comme dans Le Fils du roi, la déambulation frise constamment l'abstraction mais produit à chaque pas des images fortes, directement compréhensibles par une approche sensuelle, chacune renfermant tout un monde et faisant écho à nos propres troubles.

D'un même élan, Lambé poursuit les idées qui jalonnent son travail, interroge notre rapport à la beauté, à différentes normes, au langage, et tourne en dérision l'entreprise dans laquelle il s'est lancée. Son musée se parcourt l'esprit ouvert à l'imprévu, tant mieux si l'on est pas certain de devoir le prendre au sérieux.

La presse en parle

Marie Klock, Libération :

"Muséum a un redoutable pouvoir de séduction : sa couleur. Libéré de la narration, on ne compte plus le temps passé à se baigner dans telle double page généreusement gorgée de violet. L'auteur s'est laissé ici une liberté de déambulation totale, guidé par la seule idée d'un parcours à travers un musée imaginaire. Lambé parle de "toucher directement là où il faut dans le cerveau". Muséum, avec ses associations incongrues et ses airs de rêve lucide très lynchiens, a assurément ce pouvoir."

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Thierry Bellefroid, la RTBF :

"Un livre à la fois poétique, profondément surréaliste et expérimental. On est absolument happé par la beauté et la puissance des images, et par les couleurs. Avec un dessin en apparence extrêmement simple, des formes dépouillées, Eric Lambé crée de l'émotion. On s'écarte du monde, du bruit, de tout ce qui peut nous distraire de notre monde intérieur. On est ailleurs, dans un autre monde. L'ouvrage est totalement abouti, tout a été pensé, les dessins sont éclaboussants, le livre nous saute à la figure. C'est un livre qu'on relit, qu'on reregarde, qu'on passe aux autres..."

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Daniel Couvreur, Le Soir :

"Eric Lambé nous invite à partager la fantaisie mélancolique de son musée imaginaire dans un livre apothéose où l'auteur apaise la pensée pour changer notre rapport au monde. Eric Lambé est une plume libre dont le dessin gomme les préjugés de l'esthétique et du temps. L'artiste a créé son propre langage poétique évocateur de mystère. Muséum est un livre à sensation, une porte ouverte sur un univers énigmatique où le dessin invite à la pensée parce que tout ce qui tombe sous l'oeil révèle des histoires cachées. Tout ici ne sera que quête d'équilibre et d'harmonie du monde."

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