104 pages — 21 x 31 cm
impression quadrichromie
couverture souple avec rabats
ISBN 9782390220541
Lettres à Blue Bird
" Salut Blue Bird. Tu sais quoi ? J'ai passé la semaine à peindre.
Je peins surtout la nuit, de façon frénétique. Rien qu'hier, j'en ai fait vingt. Je n'ai aucune attente, mais à chaque fois que je finis une toile, la déception est immense. Je ne fais que des merdes.
Parfois j'invite Jean-Marc. Il dit du bien de mes peintures mais son avis ne vaut pas grand-chose, il a pas assez d'amis pour se permettre d'en froisser une. Toi, je sais que tu ne me ménagerais pas. On les brûlerait ensemble, et je pourrais enfin passer à autre chose.
Mes plaintes sont trop fortes pour la mollesse de mes maux. Mes lettres sont comme mes peintures, elles font semblant d'avoir quelque chose à raconter.
Ah, et entre deux peintures j'ai relu tous les Tintin dans l'ordre.
Je t'embrasse et je t'emmerde, A la prochaine, sans plus de splendeur, sois-en sûr."
Celle qui écrit les lettres à Blue Bird est un oiseau ordinaire qui vit à Glomar, où elle déprime grave. Avec un vieux pote, on peut parler sans gêne de tout et de rien : de la pub Haribo au cinéma qui était super ; des gros nazes fréquentés à l'époque, qu'elle recroise ; du bibliothécaire expert en films chelous qui la drague... Et du passé : un collectif de jeunes artistes qui ouvre un lieu de résidence, leurs nuits à triper ou à trainer de soirées en vernissages, leurs vacances au Glaglaland qui ont si mal tourné...
"Quelque chose avait décidé de s'amuser avec moi, un complot démoniaque s'était étendu sur toute la ville et encerclait mon existence."
Tout semblait aller bien chez ces oiseaux mignons... Mais l'histoire vire progressivement au vinaigre, le passé n'est plus très clair... Pourquoi n'a-t-elle jamais trouvé sa place dans ce collectif ? A-t-elle vu trouble, ou ses potes l'ont-ils réellement rejetée et harcelée ? Blue Bird a-t-il essayé de la tuer ? Etaient-ils possédés par un démon ? Mystères et questions paranormales ne seront pas résolus, ce qui fait le charme, mi-drôlatique mi-inquiétant, de ce récit de l'ordinaire qui part en vrille sévère.
Le ton des lettres est désabusé, débonnaire et mélancolique... mais le règlement de compte n'est pas loin. BD épistolaire douce-amère et psychédélique, Lettres à Blue Bird nous mène là où on ne s'attendait pas du tout à aller. De ses paysages chauds et vibrants au feutre à alcool émane une atmosphère légère puis fantastique, déstabilisante et drôle à chaque page.
" Véritable claque 2025. Pig Paddle - en plus de son pseudo hilarant - est un excellent épistolier. Une première bande dessinée qui m'a cloué le bec."
Emilie Gleason
La presse en parle
Romane Fragne, Maze :
" Lettres à Blue Bird se distingue par sa beauté trompeuse. Sa force réside dans sa capacité à restituer la confusion émotionnelle, les contradictions, les souvenirs qui s'emmêlent. Avec Lettres à Blue Bird, Pig Paddle Mannimarco signe une oeuvre étrange et précieuse : une comédie existentielle en forme de correspondance, un roman graphique pastel et venimeux, à la fois hilarant et profondément triste. On y parle de dépression sans pathos, de souvenirs sans nostalgie, de solitude sans drame - avec une liberté de ton rare et une poésie flottante. On s'y reconnaît, on en rit, et parfois, sans crier gare, on s'y prend une petite claque. "
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Andrea Lemaire, librairie Myriagone :
"Des cases épaisses aux angles arrondis. A l'intérieur, des paysages et des décors sans contours s'y massent en couleurs plus ou moins vives qui imbibent le papier et le saturent comme un buvard ; arrières-plans étonnants, sensitifs, acides et pourtant précis, petit théâtre savamment organisé pour recevoir en son sein des silhouettes d'oiseaux humanoïdes esquissés en trois coups de feutre bleu, Shadoks d'un nouveau genre, moins neuneus et plus mélancoliques.
On ne sait pas très bien ce que cherche au départ notre narratrice à bec et lunettes avec ces lettres sans véritable objet, pourtant elle parvient instantanément à nous emporter dans son histoire, dans ces rien qui constituent son existence.
Étrangement, et sans qu'on y prenne garde, ces Lettres à Blue Bird s'ouvrent sur un gouffre sans fond, celui de la dépression, dissimulée derrière le masque souriant et jovial de la correspondance réparatrice. Dessin et récit opèrent quelques retournements spectaculaires et inattendus, capables d'un seul coup de mettre en perspective tout une histoire faite de blocs de mémoire hétérogènes, d'ellipses, de points de vue verrouillés. Comme un tremblement de terre dont l'intensité monterait graduellement, les lettres développent un grondement souterrain quasiment métaphysique.
Non sans humour et délicatesse, Pig Paddle Mannimarco construit une œuvre comme on les aime : sérieusement décontractée, pleine d'inventivité, de double-fonds, de niveaux de lecture, échafaudée sur une puissante maîtrise de l'écriture dont chaque élément sert l'histoire et ses finalités. Où le rapport au réel est sérieusement interrogé, la relation détourée au scalpel, et la psyché fouillée de la cave au plafond. Une masterclass en somme."
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